Voilà, c’est fini

Voilà, c’est fini.
Dernière séance hier, pas de reprise de rendez-vous à ce moment de clôture où elle prend son agenda et attend que je lui propose des dates pour la semaine prochaine. Un dernier silence de réflexion et ces mots :
« Je m’arrête là ».

Mais non, elle n’a pas compris :
« Vous appellerez pour prendre un rendez-vous… »
Elle n’a pas vu venir la fin, malgré tout ce que j’ai dit les trois dernières séances, et notre dernière séance en particulier : quand j’ai parlé de tristesse, pleuré même à la perspective que ça s’arrête, que je ne la voie plus, quand j’ai évoqué mes dépendances dont celle au jeu que j’ai « réglée » radicalement ce weekend lors duquel j’avais passé/perdu trop de temps sur l’un d’eux en l’effaçant, en le désinstallant « mais je ne peux pas vous désinstaller », quand j’ai raconté des ruptures passées, et cette solution ultime pour moi dans mes relations de partir quand ça devenait trop douloureux et que je ne voyais plus d’issue.
Moi non plus à vrai dire, je ne l’avais pas imaginée à ce moment précis, même si cela fait des années que je parle d’arrêter, et cette dernière séance encore :
« Encore ? » a-t-elle demandé en souriant.
« Oui, mais je crois cette fois, c’est vrai » ai-je répondu sans réaliser que je le pensais réellement.
Alors je ne sais pas si c’est une façon « propre » de finir, si j’en ai vraiment fini avec tout ce qu’une analyse pourrait m’apporter, s’il n’aurait pas fallu continuer ce qu’elle a qualifié de processus pour une fin, mais j’en ai assez.
C’est l’irruption d’une table ronde avec une chaise dans le troisième coin de son bureau, comme une invitation à prendre le thé, qui a été le déclencheur, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, le trop : un endroit de son cabinet de plus auquel je n’ai pas accès avec le divan. Une table pour un « tea time » impossible. J’en ai parlé, sans réussir probablement à faire le pas de côté qui me permettrait d’en faire quelque chose en dehors de l’actuel de nos séances, mais je n’en peux plus de ces frustrations, de ces questions sans réponse, de ses silences. C’est le jeu de l’analyse, elle fait son métier me répète-t-elle quand elle me refuse le divan, me renvoyant à la parole, sans entendre que je n’y arrive pas, que je n’y arrive plus.
Devant ce qui commençait à tourner au masochisme, il me restait le choix du départ, une fuite peut-être, mais il fallait bien de toute façon que cette analyse s’arrête un jour.
Est-ce qu’elle a raté un coche en n’entendant pas ce que je disais ? Est-ce que c’était simplement le bon moment pour moi, une décision qui couve depuis longtemps et pour laquelle j’ai trouvé le prétexte qui me donnait la force de partir ?
Je voyais ça différemment, une séance plus émotive, une fin plus lacrymale, des mots chaleureux sur ces dix années passées avec elle, mais je n’ai su dire qu’un banal « Au revoir », sans réaliser que c’était le dernier. Je l’ai effleurée du regard, je n’ai pas essayé d’enregistrer la configuration de son bureau, son visage, la décoration…
La peine est là pourtant, mais je n’ai jamais cru aux fins d’analyse heureuses, la colère un peu, le soulagement peut-être.
C’est donc comme ça que ça se passe…
 
Je ne sais pas encore ce que je vais faire de ce blog, probablement le supprimer, mais merci à vous de m’avoir suivie toutes ces années. Mon analyse était la MIENNE, singulière, avec ses hauts et ses bas, avec sa fin aussi. Chaque voyage est différent.

2 réflexions sur “Voilà, c’est fini

  1. Et bien quelle fin ! Peut-être au début cela va laisser un vide, puis un sentiment de liberté s’installera : que ça fait du bien de ne plus avoir à penser à ce qu’on dira à la séance suivante.
    Vous êtes prête pour ça et même s’il reste pour l’instant une frustration, tout ce que vous aura apporté cette analyse restera. Bon courage !

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